Un peu d'histoire

Le SEF a été fondé en 1938 par le Père Dominique Pire.

 

Pour lui, il s'agit déjà d'une ouverture à tous par-delà les différences sociales (très marquées à l'époque), religieuses et politiques.

Il met aussi l'accent sur le rôle éducatif réciproque: aidés et aidants ont quelque chose à apprendre les uns des autres.

Enfin, il exige le professionalisme: les bénévoles reçoivent une formation par des médecins, philosophes, techniciens et Simone Rouchet, co-fondatrice du SEF, sera une des toutes premières diplômées assistante sociale.

En 1940, le SEF est fondé officiellement.

 

Jusqu'en 1981, le SEF suivra ce chemin en adaptant ses interventions aux besoins de l'époque, en participant à des actions de coordination et de quartier. A ce moment-là, les services d'aides familiales, privés et officiels, s'ouvrent un peu partout et le rôle du SEF dans ce domaine devient secondaire. Par contre, d'autres besoins se font cruellement sentir.

 

C'est la crise du logement et, avec elle, la naissance d'un nouveau groupe social: les "sans-abri". Trouver un lieu où se loger, telle est la demande adressée le plus souvent au SEF. Trouver un toit, un repas, des vêtements, des meubles, un peu d'argent, du tabac,... La demande première est matérielle mais très vite, on se rend compte qu'elle recouvre d'autres manques, dont le plus cruel est la famille inexistante.

 

Notre société compte deux groupes de personnes: celles qui ont une famille, qui peut connaître bien sûr des moments difficiles, des dérives, mais qui est présente. Il y a aussi les personnes qui n'ont jamais connu leur famille ou qui en ont été rejetées, sans avoir trouvé un support quelque part.

 

C'est pourquoi le SEF prend la décision d'ouvrir une première maison d'accueil  en 1981, dans ses locaux, là où le Père Pire avait établi son quartier général: une maison de type familial, d'une capacité d'accueil de huit personnes.

 

En 1992, une deuxième maison d'accueil est créée, comptant six logements, et, depuis septembre 2001, trois logements supervisés pour des familles sont gérés par le SEF, en partenariat avec l'asbl "Les Amis de Notre-Dame de La Sarte". Enfin, des permanences sociales quotidiennes sont accessibles à des personnes extérieures aux Maisons. C'est là que s'accomplit toute une part du travail social, qui s'avère parfois préventif dans la mesure où il permet d'éviter l'hébergement.

 

L'urgence est un mot qui résonne souvent aux oreilles de l'équipe; elle y est confrontée journellement. Les personnes arrivent au SEF quand elles ont perdu leur logement ou sont sur le point de leur perdre. Et que dire de leur projet de vie...

 

On arrive en maison d'accueil en pleine crise. L'alcool, la drogue, la dépression, la prison, l'institution n'ont rien apporté comme solution jusqu'à présent. La conséquence la plus grave est la crise d'identité.

 

Le travail de rencontre et d'accompagnement de l'équipe prend alors toute sa dimension, au travers de gestes quotidiens, de paroles écoutées et partagées, pour aider chacun à trouver, au-delà d'une solution de logement, son projet de vie, sa façon à lui d'être au monde.

 

Le temps passé au SEF doit donc être mis à profit pour règler les questions administratives, repenser sa façon de vivre avec les autres et préparer son départ. Afin, si possible, de ne pas revenir...

 

Réduire le fossé entre deux mondes différents, c'est aussi une dimension du travail du SEF. Il faut bien dire que, des asbl qui ont survécu au Père Pire, le SEF est la plus turbulente, la plus dérangeante. Les maisons sont situées au centre de la ville et tout ce qui s'y passe est connu, les meilleurs comme les mauvais moments qui parfois provoquent l'incompréhension, voire l'hostilité. Pour certains, au contraire, c'est la découverte d'un monde de différence, c'est l'occasion de chercher le pourquoi, de parler avec les personnes accueillies, avec l'équipe, pour essayer de comprendre et d'aider aussi.